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mardi, novembre 15, 2011

protestation contre les banques américaines !

Pour protester contre leurs banques, les Américains ferment leurs comptes

Finance \Acteurs

Publié le 14-11-2011



Put your money where your mouth is. Cette expression anglo-saxonne résume bien l'opération coup de poing des Américains à l'égard de leurs banques ces dernières semaines. Fatigués des excès des établissements financiers à Wall Street et des frais exorbitants imposés par les banques commerciales, des dizaines de milliers d'individus ont tout simplement décidé de clôturer leurs comptes et d'aller voir ailleurs.

Il en existe plus de 7000 dans tout le pays. Les banques mutualistes et coopératives sont bien souvent éclipsées par leurs consoeurs commerciales : les Bank of America, Wells Fargo, JP Morgan Chase et autre CitiBank. Mais le tissu des banques coopératives a le vent en poupe. A l'aune de la journée d'action "Bank Transfert Day" (Journée du transfert de banque) le 5 novembre dernier, elles ont accueilli un nombre record de nouveaux clients. Pour le seul mois d'octobre, plus de 650 000 comptes ont été ouverts, c'est plus que pour l'ensemble de l'année 2010.

Kristen Christian est l'un des moteurs de ce mouvement de masse. A 27 ans, cette propriétaire d'une galerie d'art à Los Angeles est à l'origine de la "Campagne pour le transfert bancaire" sur Facebook. "Ensemble, nous pouvons faire en sorte que ces institutions bancaires se souviennent pour toujours du 5 novembre", explique-t-elle sur la page, où plus de 80 000 personnes s'engagent à changer de banque. "Si nous transférons nos économies vers des banques coopératives à but non lucratif, nous envoyons un message clair : les consommateurs avertis en ont assez des pratiques commerciales immorales (des banques commerciales)."

650 000 clients en un mois

John Gorham et Julie Glover font partie de ces clients déçus du comportement de leur banque. Ce couple de Caroline du Nord a décidé de fermer son compte commun à Bank of America, après le cafouillage sur les frais bancaires. La première banque de détail des Etats-Unis s'était attirée les foudres de l'opinion publique après l'annonce début octobre de 60 dollars de frais annuels sur tout compte chèque, un moyen de compenser les pertes liées à des régulations plus restrictives. Si "B of A" a finalement fait marche arrière, l'épisode laisse un arrière-goût amer chez les Gorham.
Le jeune couple actif a décidé d'ouvrir un compte au sein de la banque coopérative Valley Green Bank le 5 novembre dernier. "Nous suivons ce qu'il se passe avec Occupy Wall Street et comme beaucoup de gens de notre génération, nous estimons que les règles du jeu sont faussées. C'est notre façon d'apporter notre pierre à l'édifice", explique John Gorham, manager au sein d'une compagnie d'assurance. Comme lui, 650 000 personnes ont ouvert la porte d'une agence bancaire coopérative pour y ouvrir un compte en octobre - huit fois plus qu'en temps normal - transférant 4.5 milliards de dollars (3,2 milliards d'euros).

Les banques coopératives et mutualistes sont-elles vraiment plus responsables que les banques commerciales? Elles ont indéniablement bénéficié de la crise financière de 2008 en se gardant d'offrir des prêts frauduleux aux particuliers. par ailleurs, les clients d'une banque coopérative sont des sociétaires, et non des actionnaires. Ils n'attendent pas de plus-values en capital, et attendent surtout que les bénéfices, s'il y en a, soient réinvestis dans l'entreprise pour améliorer la qualité de service. La seconde différence, c'est qu'en assemblée générale, le vote se fait selon le principe un homme égale une voix. Ces banques sont normalement orientées vers le local et le régional, avec une organisation très décentralisée, portée vers la petite clientèle.

Les banques commerciales pas si perdantes

Outre le fait que la priorité soit donnée au consommateur, et non à l'actionnaire, les services bancaires sont en général moins chers. Par exemple, Bank of America requiert un montant minimum de 1500 dollars (1100 euros) sur un compte-chèque, seuil au-dessous duquel les clients doivent s'affranchir de 12 dollars (9 euros) de frais mensuels. Chez Princeton Federal Credit Union, une banque coopérative pour employés et étudiants de l'université Princeton, il n'y a aucun frais mensuel, aucun montant minimum à garantir sur son compte-chèque et les taux d'emprunts sont globalement moins élevés que chez les banques commerciales. En contrepartie, elles offrent moins de services, moins d'agences et de distributeurs automatiques. Et selon les périodes, les taux d'intérêts pour un prêt sont très comparables à ceux pratiqués par les banques commerciales.

"J'aimerais beaucoup changer, mais il est difficile de trouver un endroit avec la même qualité de services (que chez Bank of America)", explique Michael O'Donnell, un client de Boston. Son avis est largement partagé, et en premier lieu par Ken Clayton, du groupe d'intérêt American Bankers Association, pour qui les services ont un prix : "Les gens doivent regarder de près quelle est leur situation financière et voir quelle offre correspond à leurs besoins."
Au final, si les banques commerciales s'expriment peu sur les effets du transfert massif vers les banques coopératives, c'est qu'elles ont, elles aussi, un intérêt. Depuis la crise financière, les banques ont constaté un regain d'épargne de la part des Américains. Un apport supérieur à ce que les banques peuvent convertir en prêts. Pour l'analyste financier Morgan Housel, trop d'épargne n'est pas forcément une bonne chose pour les banques. Celles-ci doivent en effet s'acquitter d'une prime d'assurance du Fonds de garantie des dépôts américain, proportionnelle aux montants de l'épargne accumulée dans leurs caisses. "Par ailleurs, continue l'analyste financier,les banques ne sont pas mécontentes de perdre leurs clients moins fortunés (qui sont en majorité ceux qui ont transféré leur argent vers les banques coopératives), car depuis les nouvelles régulations fédérales comme celle plafonnant les frais liés aux découverts bancaires, ces clients sont moins profitables pour les banques."

Cécile Gregoriades à New York
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